Nous sommes deux amies, à l’origine, familles d’accueil d’enfants malades venant en autre du Mali. Nous avons décidé d’aller voir nos enfants d’accueil à Bamako, dont certains avaient une pathologie qui ne pouvait être guérie.
Nous étions toutes deux hébergées chez les parents des enfants que nous avions soignés. Nous avons découvert ce pays et l’avons aimé tout de suite, malgré tout ce qui a pu nous choquer, comme la pauvreté si criante qui côtoie aussi la richesse. Nous avons vécu toutes les deux des moments émouvants.
COMMENT EST NÉE L'ASSOCIATION LÉKOLI ?
Témoignage de Chantal et Mireille, initiatrices du projet.
Notre premier voyage :
Chantal habitait dans le quartier de Djoumanzana, qui est particulièrement pauvre. Elle a constaté que beaucoup d’enfants n’étaient pas scolarisés malgré qu’il existe des écoles d’État, mais elles ont des classes surchargées (100 élèves et plus) et sont payantes. Même si le prix nous parait dérisoire, elles sont encore trop cher pour ces familles en difficultés.
Chantal voyait ces enfants aller à l’école et revenir aussitôt, c’est alors qu’elle demanda des explications. On lui expliqua que les enfants qui se présentent sans argent pour payer leur scolarité mensuelle étaient chassés immédiatement de l’école. Il faut savoir aussi que la plupart ne mangent pas à leur faim et choisir entre la nourriture et l’école, le choix relève de la survie.
Pour ma part, j’étais logée dans un autre quartier de Bamako, avec un confort spartiate mais très agréable. Au quotidien, j’étais moins confrontée que Chantal à cette criante pauvreté. Mais on m’amenait des enfants malades comme une petite fille blessée à la jambe. La blessure n’avait jamais été nettoyée et la jambe était infectée. L’enfant était dans un état de crasse extrême. J’ai demandé au médecin de l’hôpital où je l’ai amené, de faire des remontrances à la maman de cette jeune fille. Mais lorsque j’ai vu dans quelles conditions elles vivaient, sans eau, sans toilette dans une cahutte innommable, je me suis sentie mal. L’année suivante, je les ai revu toutes pimpantes mais la blessure de la jambe était encore pire car il y avait une moisissure noire dessus. Le médecin m’a expliqué qu’elle ne sentait plus rien. J’ai donc décidé de la parrainé quelques années, mais j’ai du arrêté quand j’ai compris que l’argent ne lui revenait pas mais était dépensé par son père. C’est pourquoi nous profitons de chacun de nos voyages pour prendre en charge des enfants qui devaient être soignés à Montpellier.
L'enseignement à Bamako :
Nous avons découvert l’École des aveugles de Bamako, et, au vu de l’état catastrophique des dortoirs pour des enfants non-voyants et du manque de matériel, nous avons, à notre retour, contacté la Fédération Française des Aveugles de France (FAF). Nous avons alors obtenu un partenariat qui octroie à l’école 10 000 euros/an.
À 60 kms de Bamako, à Koulikoro, nous avons rencontré Enseignants et Élèves d’un centre de rééducation motrice. Le kinésithérapeute n’avait aucun matériel en dehors de ses mains et de sa volonté. Nous lui avons donc remis quelques appareils, ce qui l’a rendu très heureux.
Nous avons visité des écoles et j’ai parfois pleuré en voyant leur état et le manque de tout. Certaines sont correctes mais privées, souvent catholiques. Mais elles ne sont pas à la portée de toutes les familles.
La naissance de Lekoli :
A chacun de nos voyages, nous allions dans les familles, voir l’état et le suivi des enfants que nous avions soignés ici. Nous ne pouvons pas lister tout ce que nous avons vu et vécu dans ce pays, mais cela à favorisé notre implication dans le projet d’éducation.
La suite, c’est que Chantal, ayant muri le projet de construire une école dans le quartier de Djoumanzana à Bamako, m’en a parlé. C’est ainsi que nous avons décidé de créer en juin 2011, notre association « LÉKOLI », qui signifie L’école en Bambara, pour construire et faire vivre cette école qui sera ouverte aux filles (encore moins scolarisées que les garçons) et aux handicapés.
Plus tard, nous voulons aussi utiliser les locaux pour assurer une formation à des jeunes adultes pour apprendre un métier tel que le travail du cuir, la création de bijoux, etc.